Plus de deux millions de chômeurs inscrits à l'ANPE en octobre
Le nombre de chômeurs inscrits à l'ANPE est repassé au-dessus de deux millions en octobre, le baromètre de référence affichant un bond de 46.900 personnes en un mois sur fond d'aggravation de la crise, selon les données publiées jeudi soir par le ministère de l'Emploi.
Ce chiffre était tombé sous la barre symbolique des deux millions de personnes en mai 2007, mois de l'élection présidentielle. Il faut remonter à mars 1993 pour retrouver une hausse mensuelle plus forte.
Dès mardi, le gouvernement avait commencé à préparer les esprits, le secrétaire d'Etat à l'Emploi Laurent Wauquiez annonçant une tendance "très mauvaise", avec une "nette" dégradation. "Nous entrons dans une période difficile qui peut durer un an", avait-il dit.
Le nombre de chômeurs inscrits sur les listes de l'ANPE a affiché en octobre sa sixième hausse mensuelle consécutive (+2,4%) et sa huitième hausse depuis début 2008.
"Cette hausse s'explique par la hausse des fins de CDD et d'intérim et l'augmentation du nombre de licenciements économiques. Dans le même temps, les offres d'emploi baissent. Au total, c'est la répercussion logique de la crise économique", juge M. Wauquiez dans un entretien à La Tribune datée de vendredi.
Pour lui, cela ne peut pas être pire qu'en 1993, parce que "la situation de l'emploi est meilleure que ce que nous avons connu depuis 20 ans", la "population active (...) augmente de manière moins importante que dans les années 90" et il y a "une volonté du gouvernement de réagir tout de suite".
Fin octobre, 2.004.500 demandeurs d'emploi étaient inscrits en catégorie 1, baromètre de référence depuis 1995 ne retenant que les personnes cherchant un emploi à temps plein en CDI et n'ayant pas travaillé plus de 78 heures dans le mois écoulé. Sur un an, les chômeurs dans cette catégorie ont augmenté de 84.900 (+4,4%).
La dégradation a affecté tous les chômeurs, mais les hommes (+6,7%) et les jeunes (+4,3% sur un mois) en ont fait davantage les frais.
Si l'on additionne les inscrits en catégories 1, 2 et 3 hors activité réduite, prêts à accepter aussi un temps partiel, un CDD ou un intérim, leur nombre a aussi augmenté (+1,5% sur un mois, soit +31.000) à 2,087 millions.
Ce chiffre s'approche de la définition retenue par l'Insee pour calculer son taux de chômage au sens du Bureau international du travail (BIT), désormais publié trimestriellement. Le prochain sera rendu public le 4 décembre.
La ministre de l'Emploi Christine Lagarde s'est déclarée "particulièrement attentive à cette augmentation du chômage alors que sévit une crise financière mondiale", rappelant de récentes mesures annoncées comme l'augmentation des contrats aidés en 2009 ou l'extension du contrat de transition professionnelle.
"Pour rétablir la confiance et défendre l'emploi dans la crise actuelle, un plan de relance de grande ampleur sera annoncé très prochainement" et "axé sur le soutien à l'investissement des entreprises", a-t-elle ajouté dans un communiqué.
La nouvelle première secrétaire du PS Martine Aubry a réagi pour sa part à l'annonce de la hausse en dénonçant la politique économique "injuste et inefficace" de Nicolas Sarkozy et en appelant à une relance, notamment par un plan de 300.000 logements sociaux.
Le nombre de chômeurs promet de continuer à croître en France tant se multiplient les annonces de suppressions d'emploi, notamment dans l'industrie automobile et dans le bâtiment.
L'OCDE a prévu la semaine dernière une remontée du taux de chômage français à 8,2% de la population active française en 2009 et à 8,7% en 2010, contre 7,2% au deuxième trimestre 2008.
Le gouvernement vise 5% en 2012.