France: deux fois plus d'emplois supprimés au premier trimestre qu'en 2008
L'économie française a détruit près de deux fois plus d'emplois salariés dans le privé au premier trimestre 2009 que sur tout 2008, avec une perte nette de 187.800 postes (-1%), selon des chiffres publiés jeudi par l'Insee, qui rejoignent ceux diffusés mercredi par Pôle Emploi.
Le nombre de salariés du secteur dit "concurrentiel" (hors agriculture et emplois publics), qui avait baissé de 100.500 l'an dernier, est ainsi ramené à 17,82 millions fin mars, selon ces données définitives de l'Insee, pires qu'une estimation provisoire livrée mi-mai sur un autre périmètre.
Pôle Emploi, dont le champ statistique est plus étroit, avait fait état mercredi d'une accélération des destructions d'emplois salariés au premier trimestre, avec 175.100 pertes nettes (-1,1%), soit une chute d'ampleur inédite dans l'histoire économique française.
Comme depuis le début de la crise, les destructions d'emploi sont en grande partie imputables à l'intérim, puisque "la baisse exceptionnellement forte du quatrième trimestre 2008 se prolonge", souligne la direction des études du ministère de l'Emploi (Dares).
Avec 80.800 postes en moins au premier trimestre 2009 (-15,6% sur un trimestre, -34,3% sur un an), la diminution des effectifs dans l'intérim est "d'une ampleur inédite pour le deuxième trimestre consécutif", note la Dares.
Dans l?industrie, la chute des effectifs s'est encore accentuée au premier trimestre (-1,5%), comme dans les services (-1,2%), tandis que la construction a perdu des emplois à un rythme proche du trimestre précédent (-0,7%).
Les emplois intérimaires sont comptabilisés dans le tertiaire, même s'il s'agit de missions effectuées dans l'industrie ou la construction.
Même si l'on exclut l'intérim, l'emploi tertiaire a baissé au premier trimestre (-0,5%), accusant le "repli le plus fort enregistré dans ce secteur depuis 1975", selon le ministère.
Les effectifs ont notamment diminué dans les services aux particuliers, pour la première fois depuis sept ans.
Selon l'Acoss, qui fédère les Urssaf chargées de collecter les cotisations sociales et dont le champ est encore différent, l'emploi salarié dans le secteur privé a reculé de 1,6% au premier trimestre et de 2,1% sur un an.
La dégradation de l'emploi devrait persister "plusieurs trimestres", avec des destructions d'emplois salariés dans le privé en 2009 pouvant approcher la prévision de l'assurance chômage (-591.000), a jugé lundi le ministère de l'Economie et de l'Emploi, qui table désormais sur un recul de 3% du PIB.