Plans sociaux en série et prévision de 639.000 chômeurs supplémentaires en 2009 - (26/05/2009) Les entreprises, telles Goodyear, Altis, ABB ou EDA cette semaine, continuent à égrener des suppressions d'emplois portant sur des centaines de postes, au moment même où l'Unedic (régime d'assurance chômage) déclare s'attendre à 639.000 chômeurs de plus cette année.
Dans l'hypothèse d'un recul de 3% du PIB, le nombre de chômeurs (catégories A+B+C c'est-à-dire y compris ceux ayant une activité réduite, ainsi que les seniors dispensés de recherche d'emploi), actuellement d'environ 3,5 millions, augmenterait de 639.000 en 2009.
Les destructions nettes d'emplois salariés atteindraient 591.000, selon ces prévisions de l'Unedic assombries par rapport aux mois de février et mars.
Encore plus pessimiste, l'ex-directeur général de l'Unedic, Jean-Pierre Revoil, avait déclaré récemment à l'AFP que le recul de l'activité devrait mécaniquement faire "900.000 chômeurs de plus cette année".
L'emploi, redevenu la priorité des Français, a été mardi au coeur d'une journée interprofessionnelle d'actions à l'appel des huit syndicats, qui réclament des engagements urgents de l'Etat et du patronat.
Manifestation à Amiens, le 26 mai 2009, contre les suppressions d'emploi chez Goodyear-Dunlop Une rafale de suppressions d'emplois a été annoncée le même jour, notamment 820 licenciements dans la production de pneus automobiles à l'usine Goodyear-Dunlop Tires d'Amiens-Nord, qui compte 1.400 salariés.
Cette décision, que le groupe américain a justifiée par "sa stratégie de réduction de ses capacités de production dans les pays à coût élevé" et par le refus de la CGT d'accepter en juillet 2008 une organisation du travail en 4x8, n'est "pas une surprise" selon les syndicats, mais néanmoins un "coup de massue pour les salariés victimes de ces requins de la finance" selon Sud.
La Picardie, déjà frappée par l'emblématique fermeture programmée de l'usine de pneus Continental à Clairoix (Oise), paie un lourd tribut aux restructurations.
Toujours mardi, la direction de l'usine de composants électroniques Altis Semiconductor de Corbeil-Essonne a annoncé la suppression de 400 emplois sur environ 1.500. "Casse sociale", a dénoncé la CFTC, qui craint comme les autres syndicats une fermeture complète de l'usine en l'absence de repreneur rapide.
Mardi encore, le tribunal de commerce de Paris a prononcé la liquidation judiciaire du grossiste alimentaire EDA en autorisant la suppression de 617 postes sur le territoire et en validant l'offre de reprise partielle d'un concurrent conservant 97 autres salariés.
Enfin, le groupe d'ingénierie helvético-suédois ABB prévoit de supprimer sur une demi-douzaine de sites en France 540 postes.
L'hémarrogie risque de continuer cette semaine. Le tribunal de commerce de Versailles rendra jeudi sa décision sur une possible liquidation d'une filiale française de l'équipementier en télécommunications canadien Nortel, qui conduirait à 480 suppressions d'emplois sur 700 dans les Yvelines.
Symboliquement, deux jours après la clôture du Festival de Cannes, des syndicats ont décerné mardi sur le parvis de la Défense (Hauts-de-Seine) les prix des "pires dérives patronales" à Dexia, HP, Novartis, Total ou PPR, qui "avec la crise profitent de l'effet d'aubaine" en détruisant des emplois malgré des bénéfices et des primes aux dirigeants.
Les travailleurs temporaires, les jeunes et les salariés peu qualifiés sont particulièrement touchés par ce raz-de-marée.
Selon M. Revoil, "on n'a jamais vu une telle rapidité de croissance du chômage depuis l'après-guerre et peut-être la crise de 1929".