Le prix de l'électricité augmente de 3%, plus forte hausse depuis 7 ans - vendredi 13 août 2010 La facture d'électricité des ménages va augmenter de 3% en moyenne à compter de dimanche 15 août, une hausse de prix inédite depuis 2003, que le gouvernement justifie par la nécessité d'investir dans la rénovation du système électrique français
Même si elle reste limitée, c'est sans doute une des hausses de prix les plus fortes des 20 dernières années", s'étonne un spécialiste du secteur, sous couvert de l'anonymat.
Il faut en effet remonter au 2 juillet 2003 pour trouver une hausse de prix de 3% pour les ménages. Et si on y ajoute l'augmentation des tarifs aux entreprises (+4% à +5,5%), il n'y a pas d'équivalent dans les années 2000.
Le ministère de l'Energie justifie cette inflation des prix par la nécessité pour EDF d'assurer "l'intégrité du système électrique français".
Le groupe public d'électricité s'est en effet lancé depuis quelques années dans une relance de ses investissements en France: construction d'un réacteur nucléaire EPR à Flamanville (Manche), développement des centrales au gaz pour faire face aux pics de la consommation, renforcement du réseau de lignes électriques.
En 2010, ses investissements doivent s'élever à 8 milliards d'euros, en progression de 15% par rapport à 2009.
"Et il ne faut pas se faire d'illusion, les coûts d'EDF vont encore monter", estime Jacques Percebois, professeur d'économie à l'Université de Montpellier.
"Il faut donc s'attendre à de nouvelles augmentations de prix dans les prochaines années", prévient-il.
Comme l'année dernière, l'augmentation des prix n'est pas uniforme. En fonction de leur consommation et de leur abonnement, certains clients verront ainsi leur facture baisser de 2%, tandis que d'autres "rares" consommateurs subiront une hausse de 8%.
L'objectif affiché par le ministère de l'Energie est de rendre la grille tarifaire "plus équitable" et "plus vertueuse", c'est-à-dire faire en sorte que chacun paye le coût complet de son électricité et soit incité à moins consommer lors des périodes de pointe.
Au final, l'impact sur la facture "restera inférieur à 4 euros par mois" (48 euros par an) pour 90% des foyers, "et pourra être compensé par des gestes simples de maîtrise de la consommation d?énergie", avance le ministère de l'Energie.
Ces justifications n'ont pas convaincu les associations de consommateurs, qui ont copieusement critiqué une hausse de prix, qui s'ajoute à celle de 15% des tarifs du gaz cette année.
La Confédération Nationale du Logement a qualifié cette augmentation d'inacceptable et scandaleuse alors que le nombre de familles en situation de précarité énergétique explose".
Soucieux de s'attaquer au problème, le gouvernement a toutefois annoncé qu'il allait augmenter de 10% l'aide proposée aux ménages les plus en difficulté dans le cadre du "tarif de première nécessité".
Mais l'UFC Que Choisir a dénoncé une "fausse bonne nouvelle", en remarquant que ce tarif était "peu connu" et "pas réellement appliqué". Ainsi, seulement un tiers des bénéficiaires potentiels en avaient fait la demande fin avril.
Les associations soulignent que le contrat de service public, signé le 24 octobre 2005 entre EDF et l'Etat, prévoyait que la hausse des tarifs ne dépasse pas le taux d'inflation jusqu'en 2010.
Or depuis cette date, les tarifs ont augmenté de 10% et l'inflation de 7,2%.
Le gouvernement se défend en soulignant que les prix français de l'électricité restent parmi les plus bas d'Europe.
Fin 2009, l'électricité française était en effet 25% moins chère que la moyenne européenne, selon l'institut européen des statistiques Eurostat.